Quel vin rouge avec un mont d’or chaud : alliance entre fromage fondant et tannins

Quel vin rouge avec un mont d’or chaud : alliance entre fromage fondant et tannins

Quel vin rouge avec un mont d’or chaud : alliance entre fromage fondant et tannins

Un fromage chaud, une envie de vin rouge… Mais lequel ?

Si l’hiver avait un parfum, il serait celui du Mont d’Or en train de fondre doucement au four. Ce fromage crémeux à la croûte lavée, logé dans une boîte d’épicéa, devient une véritable fondue miniature lorsqu’on le chauffe. Une invitation à la convivialité… et à accorder un bon vin. Et là, la question surgit : peut-on vraiment boire du vin rouge avec un Mont d’Or chaud ? Et si oui, quel vin exactement ?

Sur VinBleu.fr, vous savez que nous ne laissons rien au hasard quand il s’agit de marier la table et le verre. Et avec le Mont d’Or, tout est une histoire d’équilibre entre texture fondante, goûts boisés et réconfort hivernal.

Pourquoi le Mont d’Or chauffe les passions… et complique les accords ?

Le Mont d’Or n’est pas un fromage comme les autres. Ce produit saisonnier, exclusivement disponible entre septembre et avril, se déguste aussi bien à la petite cuillère qu’en version rôtie au four, décoré d’ail et d’un trait de vin blanc.

Ce fromage au lait cru de vache, originaire du Jura, possède :

  • Une pâte onctueuse, presque coulante après cuisson,
  • Des arômes boisés et légèrement résineux, liés à sa boîte d’épicéa,
  • Une croûte lavée modérément puissante, moins envahissante qu’un Munster ou qu’un Époisses.

Le problème ? Le gras étouffe les tanins. Et les tanins du vin rouge, combinés à cette texture miellée, peuvent virer à l’amertume. D’où la prudence souvent affichée : « Fromage fondu ? Vin blanc only ! »

Mais voilà : parfois, on a envie de rouge. Par goût, par envie de chaleur, ou parce que le blanc n’accompagne pas idéalement les charcuteries ou pommes de terre servies avec le Mont d’Or. C’est là que tout se joue : choisir un vin rouge suffisamment souple pour ne pas heurter le fromage, mais assez structuré pour ne pas se faire oublier.

Quelles sont les options ? Petits tannins et grande gourmandise

La règle d’or : fuyez les rouges trop corsés ou trop boisés. Exit les Bordeaux tanniques, les Cahors jeunes ou les Madirans rugueux. Oubliez également les rouges sudistes très solaires : les tannins, chauffés au soleil, deviennent plus rudes avec le gras du fromage. Il faut chercher de la fraîcheur, de la jutosité, un fruité qui joue la partition en douceur.

Quelles appellations répondent à ces critères ? Voici quelques suggestions testées (et approuvées !) chez VinBleu.fr.

Un Pinot Noir de Bourgogne : l’élégance naturelle

C’est l’accord le plus évident. Le Pinot Noir bourguignon, surtout issu des appellations régionales (Bourgogne, Côte Chalonnaise…), affiche des tanins fins, un fruité cerise-groseille, et une acidité rafraîchissante. Il n’écrase jamais les papilles et s’allie harmonieusement à la richesse du Mont d’Or.

Un Mercurey ou un Maranges jeune, légèrement rafraîchi (servi entre 14 et 16°C), permet de désaturer le gras tout en flattant la douceur lactée du fromage. Pensez aussi à un Côtes d’Auxerre, plus accessible et souvent très réussi.

Un Gamay bien vinifié : du Beaujolais sans caricature

Le Gamay est idéal pour cet exercice de style. En version Beaujolais Villages ou, mieux encore, en cru (type Fleurie, Chiroubles, Morgon), il peut offrir un fruit éclatant, un tanin discret, et parfois des notes florales qui flattent l’aromatique boisée du Mont d’Or rôti.

En particulier, un Fleurie élevé sur lies pendant quelques mois amène un soupçon de rondeur qui glisse sur la langue comme le fromage sur la croûte de pain grillé… Gourmandise partagée.

La Savoie, voisine nature : Persan ou Mondeuse

On l’oublie trop souvent, mais le Jura et la Savoie ne sont séparés que par un col. Leur lien est aussi géographique que gastronomique. Alors pourquoi ne pas regarder à l’Est ?

La Mondeuse savoyarde, surtout sur les millésimes récents et bien travaillée, offre un profil épicé-fruité et une structure tannique légère mais persistante. Idéal pour répondre à la richesse du Mont d’Or tout en gardant une tension montagnarde.

Le Persan, cépage autochtone remis au goût du jour, est une rareté encore confidentielle, mais ses rouges fins et élégants, légèrement poivrés, en font des compagnons raffinés pour un Mont d’Or chaud… surtout s’il est agrémenté de truffe ou de noix.

Un Jura… en rouge, bien sûr

Et si vous ne faites pas de détour ? Après tout, quoi de mieux pour accompagner un fromage jurassien… qu’un vin du Jura ? Si le Chardonnay sous voile ou le Savagnin sont souvent mis en avant avec le Mont d’Or, on peut aussi penser aux rouges jurassiens.

Un Poulsard ou un Trousseau léger, souvent à peine coloré, avec ses parfums de ronce, de fraise acidulée et d’herbes sèches, se fond dans les saveurs épicées du fromage chaud. Il offre une alternative subtile et locale, parfaite pour les soirées d’hiver sans lourdeur.

Et si on osait le vin nature ?

Oui, parce que le Mont d’Or est un fromage vivant, littéralement. Ses levures, ses bactéries, son affinage en boîte font de lui un produit en évolution constante. L’associer à un vin vinifié sans soufre ajouté, ni filtration rigide, c’est comme faire dialoguer deux cousins de la ferme qui parlent le même patois.

Un joli Pinot Noir nature d’Alsace, un Beaujolais non filtré ou un vin rouge jurassien nature (du domaine des Cavarodes ou Bruyère-Houillon, par exemple), bien conservé et aéré, devient un complice parfait du Mont d’Or au four.

À table : quelques idées d’accords complets

Le Mont d’Or ne se déguste pas seul. Il prend toute sa dimension accompagné de gourmandises rustiques. Voici quelques duos qui fonctionnent à merveille :

  • Pommes de terre grenailles rôties + Mont d’Or + Pinot Noir de Bourgogne : un classique indémodable.
  • Mont d’Or au four avec éclats de noix + Trousseau jurassien : le croquant noisetté rencontre les arômes de sous-bois.
  • Charcuterie artisanale (jambon cru, saucisson sec) + Gamay de Morgon : une balade entre gras maîtrisé et fruité enjôleur.
  • Mont d’Or truffé + Mondeuse de Savoie : pour une soirée hivernale chic, mais dans les règles du terroir.

Et si vous avez la main verte, osez quelques jeunes pousses d’épinards ou de roquette en salade légère, assaisonnée au vinaigre de Xérès : l’acidité végétale jouera parfaitement les prolongations avec le fruit du vin rouge.

Le mot de la fin d’Henri

Il n’y a pas de dogme à table, seulement de belles histoires à raconter autour d’un bon plat et d’un verre bien accordé. Boire du rouge avec le Mont d’Or n’est pas un sacrilège, tant qu’on choisit souplesse, fraîcheur et fruit.

L’hiver, c’est aussi l’occasion de se faire plaisir avec authenticité. Et si ça commence par un fromage coulant, une bouteille bien choisie et quelques amis autour de la table, alors tout est dit. Santé, et vive le Mont d’Or !